Ancêtre du “rideau de fer”, mur biface, digue contre l’invasion et l’influence extérieures, enceinte carcérale pour le pays retranché, la Grande Muraille, témoin concret et symbolique de la coupure entre les peuples, révèle aussi combien les moyens et signes de la terreur survivent aux dictateurs qui les ont jadis engendrés.
Par la continuité de l’inspiration et de l’écriture, ce texte, le premier composé par Ismail Kadaré après son installation en France, montre à quel point son oeuvre entière était et reste, en deçà comme au-delà de l’exil, celle d’un esprit libre.
Ecrit en 1984 du vivant d’Enver Hodja, le Firman aveugle, dont le manuscrit fut aussitôt mis à l’abri en France, décrit, sous les dehors d’une chronique de l’époque ottomane, une campagne-type de l’ère stalinienne, de celles dont les persécutions, visant tour à tour différentes catégories sociales _ ici, par métaphore, les “porteurs du mauvais oeil” _, ont jalonné l’histoire de ce siècle en Europe de l’Est et ailleurs.
Après le départ en exil d’Ismail Kadaré, ce récit a été son premier texte publié à Tirana par la presse libre albanaise.
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